Essai de la Plymouth Duster 340

Essai de la Plymouth Duster 340

Si l’on me demandait, comme c’est souvent le cas, quelle est en ce moment la meilleure voiture américaine sur le marché pour $3,400, je répondrais sans hésiter que c’est la Plymouth Duster 340 ou la Dodge Demon 340, puisqu’il s’agit de la même voiture ou presque. J’en suis maintenant d’autant plus convaincu que j’ai eu l’occasion, pendant une semaine, de faire l’essai de ce modèle. Il suffit de conduire cette voiture pour comprendre immédiatement les raisons de son incroyable succès. 

Si j’avais à décrire la Duster 340 en quelques mots, je dirais que c’est une voiture logiquement construite et extrêmement bien équilibrée. 

Avant que l’on m’accuse d’écrire une réclame publicitaire. venons-en aux faits et examinons cette fameuse Duster 340. 

Notre modèle d’essai était doté naturellement du moteur 340 PO. cu. (5.572,6 cm. cu.) d’une puissance de 275 chevaux-vapeur à 5,000 tours-minute et d’une boîte de vitesses manuelle Hurst à quatre rapports synchronisés. Les freins à disques à l’avant, une suspension « heavy-duty » et un différentiel autobloquant font partie de l’équipement de série de cette version de la Duster. Soulignons que le pont arrière était un 3.23. 

Avant de mesurer l’efficacité de cette fiche technique, voyons un peu le traitement qu’on a accordé au conducteur et à ses passagers. 

 

AMÉNAGEMENT 

Les sièges baquets sont confortables et le recul permet d’adopter une excellente position de conduite. Les pédales sont bien placées et il est possible d’actionner simultanément, avec le pied droit, l’accélérateur et le frein pour effectuer ce que les sportifs appellent le « pointe-talon ». Toutefois, sur un long parcours, on ressent une certaine fatigue du pied gauche, pour lequel on n’a malheureusement pas de point d’appui si l’on conduit assez éloigné du volant. N’importe quel bricoleur pourra cependant installer un « reposepied » qui rendra la conduite beaucoup plus confortable. 

Contrairement à toutes ces voitures de type « fast-back », le conducteur d’une Duster 340 possède une bonne visibilité. Le tableau de bord n’a rien d’excitant dans sa présentation, et à part une gamme complète d’instruments, il ne laisse en aucun temps supposer le caractère sportif de cette voiture. Par contre, le compteur de vitesse est gradué à 150 m/h (241,4 km/h) et l’on dispose de cadrans pour la pression d’huile, la température du moteur, le niveau d’essence et l’alternateur. La seule fausse note est l’absence d’un compte-tours, qui pourrait facilement trouver place juste en face du conducteur. L’installation d’un tel accessoire est fortement recommandée sur la Duster 340, car le moteur est souvent enclin à excéder 5,500 tours, une limite que nous croyons prudent d’observer, 

 

Par contre, nous avons apprécié la présence au tableau de bord d’un témoin lunineux rappelant que la voiture est en marche arrière. Cet accessoire est d’autant plus indispensable qu’il est nécessaire de placer le levier de vitesse dans cette position pour retirer la clé de contact ou faire démarrer le moteur. C’est le système d’antivol que l’on retrouve actuellement sur plusieurs voitures américaines. Dès qu’on retire la clé, on bloque le volant de même que la boîte de vitesses en marche arrière. 

Pour $3,400, il est évident que les manufacturiers américains ne se soucient pas tellement de la qualité de la finition et la Duster 340 est loin d’être impressionnante sous ce rapport. Malgré toutes ces bavures, les bruits de carrosserie sont inexistants et l’assemblage est définitivement plus soigné. Même sur mauvaise route, notre Duster 340, qui avait déjà plus de 5,000 milles (8.000 km), nous a étonné par sa solidité. C’est un autre des points qui ajoutent au plaisir de conduire cette voiture. 

A l’arrière, sur le modèle deux portes, il n’y a pas beaucoup d’espace pour les genoux si le siège avant est passablement reculé. Sur un long parcours, il faudra donc faire un compromis côté confort. Il n’y a pas de problème pour des enfants, mais je doute que des adultes puissent apprécier les qualités de votre Duster 340 après quelques heures sur la banquette arrière. Le compartiment à bagages, pour sa part, est de bonnes dimensions, grâce surtout à l’absence de la roue de secours, que l’on retrouve sous le plancher. 

SUR LA ROUTE 

Comme nous l’avons souligné plus haut, la Duster 340 n’a pas du tout l’air agressif, mais, comme on le sait, il ne faut pas se fier aux apparences.

Ses performances imposent le respect et, quelle que soit la voiture que vous conduisiez, vous devrez faire preuve de beaucoup d’adresse au volant pour suivre une Duster 340, que ce soit en ligne droite ou sur une route tortueuse. Les puristes m’en voudront certainement, mais je connais très peu de voitures sport européennes qui pourraient lui tenir tête. 

FICHE TECHNIQUE 

Constructeur: Plymouth, Chrysler Plymouth Corp.. Detroit, Michigan, E.U. 

Modèle essayé: Duster 340. 

Type de véhicule: Sedan 2 portes — 5 places, moteur avant — traction arrière.

Prix de base suggéré: $3,400. 

Moteur V-8. 

Cylindrée: 340 PO. cu. [5.572,6 cm. cu.]. 

Rapport de compression: 10.5 à 1. 

Puissance: 275 c.v. à 5,000 tours-minute. 

 Boîte de vitesses: Manuelle à 4 rapports synchronisés levier au plancher. 

Rapport du pont arrière: 3.23. 

Freins: Disques à l’avant, tambours à l’arrière.

Suspension avant et arrière: Barre de torsion à l’avant; ressorts longitudinaux à lames à l’arrière – essieu rigide. 

Direction: A billes. 

Empattement: 108 PO. [274 cm). 

Longueur: 188.4 PO. [478 cm). 

Largeur: 71.6 PO. [189 cm J. 

Hauteur: 52.9 PO. [134 cm J. 

Poids: 3,200 livres [1.451 kg). 

TABLEAU DES PERFORMANCES 

Accélération 0-60 m/ h (O à 96,5 km/h): 67 sec. 

Vitesse maximale: 136 m/h (218 km/h). 

Consommation moyenne: 13 milles au gallon [21,3 1 aux 100 km]. 

Distance d’arrêt à 60 m/ h [96,5 km/ h) (roues bloquées): 125 pi. (38 m). 

Meilleur tour au circuit Mont-Tremblani: 2 min. 14’5 sec. 

Voiture d’essai: Courtoisie du Garage Touchette, rue Papineau, Montréal. 

 

Le moteur part au premier appel et le ralenti est plutôt rapide. Quelques coups d’accélérateur et le bruit imposant laisse deviner toute la puissance. La pédale d’embrayage est un peu plus ferme que sur une Renault, mais n’exige quand même pas une force herculéenne. 

Même avec un pont arrière de 3,23 à 1, la Duster 340 accélère comme une flèche et, en évitant de faire trop patiner les roues, on atteint 60 m/h (96,5 km/h) en 6.7 secondes. Quel que soit le régime du moteur, celui-ci est assez bruyant, mais il possède des reprises foudroyantes en tout temps. Surprise agréable, il n’est pas capricieux en ville et n’a jamais tendance à surchauffer. Il se comporte beaucoup mieux dans la circulation urbaine que la plupart des moteurs à hautes performances. Sur un parcours effectué à 75% en ville, notre moyenne de consommation avec la Duster 340 a été de 13 milles au gallon (21,3 1 aux 100 km). Ceux qui désirent une voiture économique auraient intérêt à choisir ce modèle avec un moteur moins gourmand, comme le 318 PO. cu. (5,212 cm. cu.), mais il est évident que les amateurs de performances seront plus heureux avec le 340. 

A une vitesse indiquée de 141 m/h (226,9 km/h), notre voiture d’essai roulait en réalité à 136 m/h (218,8 km/h), ce qui est passablement respectable pour une innocente compacte. Même à cette allure, la Duster 340 a une stabilité impeccable. 

Au chapitre de la tenue de route, cette voiture est une véritable révélation. Nous pouvons honnêtement affirmer qu’à part la Corvette et la Firebird « TransAm », nous n’avons jamais conduit une voiture américaine aussi impressionnante dans les virages. La suspension très ferme, les pneus « polyglass » et des dimensions réduites contribuent à la grande maniabilité de la Duster 340. La puissance aux roues motrices permet de contrôler facilement les dérapages du train arrière et autorise une conduite très sportive. Même avec une direction non assistée assez lente (5 3/4 tours d’une butée à l’autre), nous n’avons éprouvé aucune difficulté à contrôler la voiture. Dans les manoeuvres de stationnement, le volant est un peu lourd, mais n’exige pas un effort exagéré. Précisons que la commande d’avertisseur placée sur le bord intérieur du volant n’est pas très commode. On se surprend à klaxonner plus souvent qu’on le voudrait lorsque l’on tourne le volant et qu’il faut le tenir assez fermement. 

La boîte de vitesses n’est pas d’une grande douceur, mais on s’y habitue rapidement et la synchronisation est très bonne. Le levier est bien à portée de la main, sauf que la seconde est peut-être un peu trop rapprochée du volant. 

Les freins ne résisteraient sans doute pas tellement longtemps au passage d’un col de montagne en Europe, mais en usage normal on peut dire qu’ils sont satisfaisants. Un arrêt d’urgence à 80 m/h (128,7 km/h) s’effectue sans que les roues n’aient tendance à bloquer prématurément. Trois ou quatre expériences de ce genre toute fois auront pour effet d’anéantir totalement la puissance de freinage, mais cette perte d’efficacité est caractéristique de la grande majorité des voitures américaines.  

Puissante, maniable, sûre, voilà quelques-unes seulement des nombreuses qualités de la Duster 340. Ses dimensions ne sont pas inutilement encombrantes et elle tient la route d’une façon merveilleuse. Pour la première fois depuis longtemps, c’est avec regret que nous avons dû nous départir de cette voiture qui est notre avis le seul vrai sedan sport de la production automobile américaine. 

 Par Jacques Duval