SALON DE L’AUTO DE MONTRÉAL René Poulin: 45 salons plus tard…

SALON DE L’AUTO DE MONTRÉAL
René Poulin: 45 salons plus tard…

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Posant parmi sa collection de voitures miniatures, René Poulin a assisté à tous les salons de l’auto de Montréal depuis 1970.
PHOTO IVANOH DEMERS, LA PRESSE

 

 

 


« Des débiles comme moi, je n’en connais pas. » La pièce est exiguë, elle fait office à la fois de bureau, d’atelier, de bibliothèque et de musée. Du sol au plafond, ses 30 000 voitures miniatures sont alignées sur des étagères, calandres et capots fièrement exhibés. Pour un peu, René Poulin ne les compterait plus. Il en a tant. De ces voitures. Et de ces brochures. Et de ces livres. Tout ce qui peut se rapporter à l’automobile est là, dans ce sous-sol de banlieue. Propriété d’un passionné qui, cette année, visitera le salon automobile de Montréal pour la 46e fois consécutive.


La première fois, c’était en 1970, mais ça, ça ne compte pas vraiment pour lui. « J’étais trop jeune, trop petit. La seule affaire que j’ai vue, c’est des gens. J’avais 10 ans. Mon père était tanné, on est partis. »
Alors il y est retourné l’année suivante avec son oncle. « C’est lui qui m’a acheté le guide 71. » En mettant la main sur la brochure officielle du salon de l’auto de Montréal, le jeune René ne se doute pas qu’il vient alors de poser un geste qui va devenir un rituel. Sa mère comprend rapidement qu’il a la piqûre de l’automobile et n’hésite pas à le déclarer malade auprès de l’école, étrangement, chaque début d’année…
«Ma mère me faisait un billet pour le premier vendredi du salon. J’étais malade, il fallait me guérir [rires]. Elle savait que ce n’était pas des niaiseries, le salon, c’était ma drogue, elle trouvait ça correct.»

René Poulin


Après avoir « achalé » son oncle, le jeune René y est allé tout seul, au salon, avec ses amis. À l’époque du secondaire, il prend systématiquement des photos de bagnoles. Et il accumule, accumule. Quand il fouille un peu dans sa caverne automobile d’Ali Baba, il ressort quelques-unes des brochures officielles du salon. Il les a toutes, depuis 1971 ! Comme il possède tous les guides automobiles publiés depuis 1967 ! Et il ramasse, ramasse. Chaque année, des centaines de brochures des marques et constructeurs qui exposent à Montréal.


Ces brochures lui ont beaucoup servi au cours de sa vie professionnelle passée chez différents concessionnaires automobiles Chrysler…
« Je lisais les brochures de toutes les marques, dit l’intéressé. Je passais au travers de toutes les brochures du salon chaque année. Des lectures quasiment 24 heures sur 24. Dans ce temps-là, je me levais la nuit, je faisais beaucoup d’insomnie. J’allais travailler dans mes voitures miniatures, je lisais. Je me levais le matin pour aller travailler au concessionnaire. J’y amenais mes revues de toute la concurrence, je faisais de la comparaison. »


ENCYCLOPÉDIQUE


Très affable, René Poulin est une véritable encyclopédie automobile. Il se dit tour à tour « extraterrestre », « marginal », « original ». On en oublierait presque notre sujet de discussion, le salon automobile. Pis, ce salon, c’était comment ?
« Les meilleurs salons ? Je ne saurais dire. Je les trouve généralement bons. Surtout quand il y a une grosse arrivée de nouvelles voitures qui viennent de sortir. Les bonnes années du salon, c’était à la Place Bonaventure [de 1969 à 1989]. Peut-être parce que c’était plus petit, c’était comme être en famille. Je humais, j’observais au complet le salon de la mezzanine.
«La pire place, c’était le Stade olympique. Avec plusieurs paliers, ça finissait plus, c’était sec, il y avait de l’écho, le son n’est pas bon. […] Au Stade, les voitures étaient beaucoup plus abîmées. Elles étaient égratignées, bosselées par le public. La Viper, tous les soirs, il fallait la sortir pour la faire débosseler.»
René Poulin

La liste des voitures que notre ancien vendeur et directeur de renouvellement de location a le plus aimées est longue : les muscle cars – « c’est ma génération » -, la Datsun 240 Z, la Firebird, la Dodge Daytona 1984, la Pontiac Banshee – « qui m’a bien impressionné » -, les générations de pick-ups dans les années 70 et 80 ou encore la Chrysler Laser de 1982.
« Dans les années 80, c’était toujours pareil d’une année à l’autre. Dans les années 88, 89, 90, les voitures étaient cheap, je trouve qu’elles sont mieux faites aujourd’hui. […] Les années 90, c’étaient les pires années. Je ne suis pas trop japonais. J’ai aimé les Celica et les Supra, mais je suis plus américain », énumère celui qui ne s’est jamais lassé du salon d’une année à l’autre.


PÈLERINAGE À RECULONS


S’il ne boude pas son plaisir, René Poulin a tout de même tourné le dos à l’industrie automobile, il y a deux ou trois ans. La crise de 2008 est passée par là et depuis, la manière de travailler a évolué, selon lui.
« Ils ne veulent pas seulement vous former, mais ils veulent aussi mettre des chars sur la route. La formation et les connaissances des vendeurs ne sont alors plus vraiment importantes. Beaucoup de concessionnaires ne raisonnent qu’en chiffres. Ce n’est plus intéressant de vendre des voitures. Moi, j’aime le service. »


Se rendre tous les ans au salon reste un pèlerinage qu’il a du mal à expliquer. Mais qu’il assume. Pleinement.


« J’aime l’automobile. Point. Peu importe sa forme. J’aime tout ce qui se rapporte à elle. J’aime ça, faire de la mécanique, j’aime ça, faire de la carrosserie. Si je veux relaxer, j’ai juste à poncer une aile. Il y en a que ça agresse, moi, ça m’endort, quand je le fais pour m’amuser, je relaxe. Faire de la recherche sur l’automobile, j’adore ça aussi. Tout ce qui est automobile, j’adore ça. Oui, je suis un marginal. »

Sébastien Templier

La Presse

http://auto.lapresse.ca/salons/201601/15/01-4940094-rene-poulin-45-salons-plus-tard.php

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