Mustang BOSS 302 Flash-back (Guide de l’auto 1970)

Mustang BOSS 302 

FICHE TECHNIQUE 

Marque: Mustang  

Modèle: Boss 302 

Moteur : Avant, de 302 po. cu.

Puissance 290 c.v. à  5800 t/m

Transmission: Manucllc, 4 vitesses synchronisées 

Freins : Disques l’avant, tambours à l’arrière 

Pneus: 60X15, Polyglass 

Empattement : 108 po. 

Longueur : 187,4 po. 

Largeur : 71,3 po, 

Hauteur : 49,2 po.

Poids. : 3,387 lb.

Prix : $5400 

TABLEAU DES PERFORMANCES 

Accélération : 0/-60 m/h : 8 sec. 

Vitesse maximale : 118 m/h 

Consommation moyenne : 14 milles au gallon 

Meilleur tour au circuit Mont-Tremblant : 2 min. 10 sec. 

Distance d’arrêt à 60 m/ h : 133 pi. 

Voiture d’essai : Gracieuseté de Macchabée Automobile, Labelle. 

ESSAI DE LA 

MUSTANG BOSS 302 

UNE VOITURE DE COURSE EN LIBERTÉ 

Dans le jargon automobile, le mot anglais « boss » ne sert pas à identifier la voiture du « patron », mais surtout à évoquer une sorte de raffinement ou de protubérance par rapport à un modèle déjà existant. Lancée au début de 1969, la Boss 302 est la version commercialisée de la voiture qui dispute les courses de la série « Trans-Am » et, par conséquent, la plus sportive de la gamme Mustang. Elle fait pendant à la Camaro Z-28 de General Motors et s’inscrit exactement dans la même catégorie. Cette Boss 302 est-elle vraiment la voiture ultime, la Mustang des Mustang qui peut concrétiser tous vos rêves de conducteurs sportifs ? Tout dépend de ce que vous recherchez dans une auto, et les lignes qui suivent devraient vous donner une idée assez précise sur les avantages et les inconvénients de la Mustang Boss 302. 

Comme pour plusieurs de nos essais, celui-ci a été effectué en partie sur la route et en partie sur le circuit MontTremblant. Nous sommes d’avis qu’une voiture, quelle qu’elle soit, doit pouvoir donner un rendement supérieur à ses conditions d’utilisation normale, de manière à ne pas mettre son conducteur en danger s’il lui arrive de faire une petite faute. Dans le cas d’une Boss 302, les essais sur piste sont d’autant plus significatifs que cette voiture incite à une conduite rapide et sportive. 

Le chiffre 302 dans le cas de la Mustang représente la cylindrée du moteur. Il s’agit en effet d’un V-8 de 302 PO. cu. d’une puissance de 290 C.V. à 5,800 tlm dont le taux de compression de 10.5 à 1 est très élevé. Le moteur est alimenté par un seul carburateur 4 corps, mais, tout comme pour la Z-28, nous avons de bonnes raisons de croire que la puissance annoncée est inférieure aux chiffres réels. Notre voiture d’essai avait une transmission manuelle à 4 vitesses avec levier au plancher, des freins à disques à l’avant et d’immenses pneus F60x15 de type Polyglass. La suspension a évidemment été raffermie. 

Côté apparence, la voiture bénéficie de quelques éléments aérodynamiques, tandis que d’autres sont purement décoratifs. Un aileron est fixé à l’arrière, à quelques pouces au-dessus de la malle, et l’on trouve une espèce de « bavette » sous le pare-chocs à l’avant. Une sorte de volet amovible peint en noir recouvre la lunette arrière et l’inscription « Boss 302 » sur les flancs de la voiture est encadrée de deux rayures peintes le long de la caisse. 

LA OUATE EST OPTIONNELLE 

Les manufacturiers américains sont habituellement très adroits quand il s’agit de dresser la liste des accessoires, disponibles contre supplément, mais avec la Mustang Boss 302, ils ont oublié de prévoir une bonne provision d’ouate pour les oreilles. La voiture est tellement bruyante que nous vous suggérons d’oublier l’appareil de radio et de vous acheter à la place des tampons insonorisateurs. 

Même avec un bon silencieux, le moteur de cette voiture fait bien sentir sa présence et les soupapes s’en donnent à coeur joie. La mise en route du moteur n’est pas toujours facile, et il arrive que le démarreur soit faible et un peu lent. On nous dit que ce moteur est assez solide pour être poussé à 6,500 tours et même plus, mais sur notre voiture d’essai le limitateur de régime entrait en opération à 6,000 tours. C’est un accessoire utile, puisqu’il demeure toujours possible de rater un changement de vitesse, ce qui peut être fatal à un moteur aussi nerveux toujours prêt à monter en régime. En limitant le régime à 6,000 tours, toutefois, l’accélération est un peu gênée et nous n’avons pu obtenir mieux que 8 sec. dans notre test de 0 à 60 m/h. Nous croyons cependant qu’il est possible d’abaisser cette marque de 2 sec. en poussant le moteur et en se bouchant les oreilles. Pour une voiture haute performance, la pédale d’embrayage est d’une douceur surprenante, mais la transmission pourrait bien avoir raison de votre patience. Le passage des vitesses est loin d’être agréable et il est spécialement difficile de rétrograder en 2e. On risque de toucher à la marche arrière, et la bague de synchronisation était un peu usée sur notre voiture d’essai. Le pédalier est, par contre, bien placé pour permettre la technique du « pointe-talon » qui consiste à freiner tout en montant le régime du moteur au moment du débrayage. La boite de vitesses de la Boss 302 a fait l’objet de suffisamment de critiques pour que Ford se décide à remplacer sa propre transmission par le modèle Hurst sur ses modèles 1970. 

Avec un régime limité à 6,000 tours, la vitesse maximale est de 118 m h et en conduite normale le moteur donne une consommation moyenne de 14 milles au gallon. 

UN EXERCICE PHYSIQUE 

Si vous voulez faire des exercices physiques, le volant de la Boss 302 est l’article idéal. La direction non assistée exige un effort considérable et demande des muscles solides. Après un mois au volant de cette Mustang, vous pourrez certainement vous inscrire aux prochains Jeux Olympiques dans la catégorie des poids et haltères. Il est évident que la suspension très rigide et surtout les immenses pneus de la voiture sont en grande partie responsables de cet état de choses. Par ailleurs, on est récompensé par une tenue de route irréprochable qui s’est manifestée lors de nos essais chronométrés au circuit Mont-Tremblant. Sous ce rapport, la Mustang Boss 302 est incontestablement la meilleure voiture américaine que nous ayons conduite à ce jour. Même si nous ne pouvions utiliser les performances du moteur au maximum, nous avons enregistré le meilleur temps jamais obtenu avec une voiture de route. Nous avons tourné en 2 min. 10 sec., c’est-à-dire plus rapidement qu’avec une Corvette 427. La voiture est rivée à la route dans les virages. Le couple uniforme du moteur, la rapidité de la direction et la sûreté des freins sont des éléments qui jouent en faveur de cette Mustang sur un circuit. Le conducteur se doit toutefois d’être très habile pour tirer profit de ces performances et la voiture poussée à la limite demande beaucoup de travail. 

Au freinage, la 302 est encore une fois impeccable et nous rêvons du jour où les manufacturiers américains arriveront à obtenir une telle perfection sur toutes les voitures. Même si l’on enfonce brusquement la pédale à 60 m h, il est impossible de bloquer les roues et la voiture s’arrête en ligne droite en 133 pi. seulement. On peut sans doute donner une part du crédit aux excellents pneus. Ceux-ci, il convient de le préciser, ne se comportent pas aussi bien sous la pluie et sont même dangereux. Nul besoin d’ajouter qu’il ne saurait être question de les conserver sur la voiture en hiver. 

PEU À L’AISE EN VILLE 

Si la Mustang Boss 302 a des qualités indéniables sur un circuit de vitesse, elle est loin d’être à l’aise dans la circulation urbaine. Le moteur bruyant qui garde mal son ralenti. la suspension sèche et peu confortable et la direction non assistée en font une voiture assez peu civilisée. 

Avant de passer aux conclusions, on nous permettra quelques remarques sur l’aménagement intérieur. La finition dans l’ensemble est bonne, mais la partie inférieure du tableau de bord, peinte en vert, est d’un goût discutable. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le volet qui recouvre la lunette arrière ne nuit pas à la visibilité, quoique celle-ci ne soit pas extraordinaire de toute façon. Mentionnons que ce volet se soulève afin de permettre le nettoyage de la lunette arrière. Vers l’avant, la prise d’air sur le capot est assez imposante pour nuire à la visibilité d’un conducteur de petite taille. Le tableau de bord est bien présenté et l’on a eu l’heureuse idée d’y placer un cadran pour la pression d’huile. Comme sur toutes les Mustang 1969, le cendrier est inutile, étant situé derrière le levier de vitesse. 

A l’arrière, c’est toujours la même chanson : « Pas une place pour me garer ». Quant à la malle, on a augmenté ses dimensions en montant un pneu dégonflable sur la roue de secours, mais encore là il ne faut pas croire aux miracles. 

Somme toute, la Mustang Boss 302 est une voiture de course travestie. Elle est peu adaptée à la conduite en ville, mais dévore les grands espaces avec beaucoup de brio. Comme nous l’avions écrit pour la Z-28, elle est peu pratique, mais emballante comme certaines vedettes de cinéma. 

Par Jacques Duval